Baromètre février 2020 : les seniors et la recherche d’emploi
Mis à jour le 14 Juin 2022
fanny.ravanetti
Après avoir interrogé un panel de français en recherche d’emploi, nous nous intéressons ce mois-ci plus particulièrement aux 50 ans et plus. L’emploi « senior » se situe environ dans les dix dernières années de la vie professionnelle, lorsqu’un travailleur a acquis une expérience conséquente.
La conjecture actuelle ainsi que les différentes réformes sur la retraite ont beaucoup contribué à améliorer le sort des seniors en recherche d’emploi, même si la France reste encore très mal placée dans ce domaine à l’échelle européenne.
Le taux d’emploi des seniors est en effet en hausse, selon les derniers chiffres publiés par l’INSEE en février 2020 : 62,6% des 50 - 64 ans sont en poste en 2020 contre 53,9% en 2010 et 49,5% en 2000.
Quelles sont alors les spécificités de ces personnes face à la recherche d’emploi ?
Des périodes sans emploi plus longues
La difficulté à retrouver un emploi est plus importante chez les 50-65 que chez les autres catégories d’âge. Il en résulte que les seniors sont toujours sur-représentés dans la catégorie des chômeurs longue durée (plus de 1 an sans emploi). Alors que sur le nombre de personnes inscrites à Pôle Emploi, 24,8% n’ont déclaré aucune activité depuis au moins 1 an, ils sont 39% chez les 50 ans et plus.
Un désir d’indépendance ?
16% des 50 ans et + ont déjà créé une micro-entreprise (anciennement auto-entreprise) alors qu’ils sont en moyenne 12% dans la population active globale.
Loin d’être vécu comme un choix par défaut, la micro-entreprise est avant tout perçue comme un moyen d'accéder à l’indépendance pour 67% des répondants.
Le réseautage en relais crédible aux méthodes classiques de recherche d’emploi
La grande majorité des seniors se tournent vers les sites d’emploi pour trouver un poste qui leur convient (91%). Mais ils font aussi confiance à leur réseau et au bouche-à-oreille (41%) pour décrocher leur prochain poste, ce qui est bien plus que la population globale des personnes en recherche d’emploi (28%).
En revanche, ils font moins appel aux cabinets de recrutement (41% contre 49% pour la population globale) et se rendent moins sur les sites carrières des entreprises (43% contre 50% dans la population globale).
Un sentiment de discrimination accru
Les seniors se disent avoir été déjà déçus par une expérience de recrutement à 68%.
Les raisons ?
L'absence de réponse ou le manque de réponses précises lors d’un refus sont encore plus mal vécus par les profils expérimentés de 50 ans et plus que par le reste de la population en recherche d’emploi (70% attribuent leur déception à l’absence de réponse et 67% à l’absence d’explication).
Dans 26% des cas, la déception était liée à un sentiment de discrimination perçue par le candidat senior. Ce sentiment est beaucoup fort que pour la population globale qui estime à 18% avoir été victime de discrimination.
Lucides ou pessimistes ?
81% des seniors interrogés pensent que leur âge est un frein à l’embauche pour les recruteurs.
Tout comme les jeunes diplômés lorsqu’ils entrent sur le marché du travail, il semble que les entreprises et les recruteurs ont quelques aprioris négatifs à propos des 50 ans et plus.
Quels sont les à prioris les plus tenaces, selon les seniors eux-mêmes ?
Pour autant, la recherche d’emploi ne génère pas davantage de stress ni d'inquiétude que pour la population globale, même si les chiffres restent élevés (la recherche est source d’inquiétude pour 67% des répondants et de stress pour 58% d’entre eux).
66% des seniors sont prêts à passer un entretien vidéo dans le cadre du processus de recrutement
Plus exigeants sur l'environnement de travail et les modalités d’un poste
Dans l’ensemble les seniors sont plus sourcilleux sur les conditions offertes par l’entreprise : ils souhaitent retrouver un emploi, mais pas à n’importe quel prix !
La localisation compte le plus dans les critères observés. 59% des seniors indiquent que la localisation est une raison qui les poussent à postuler dans une entreprise, contre 46% pour le reste de la population.
Ils regardent également beaucoup plus le contenu des missions et le salaire (56% et 50% contre 42% et 41% pour la population générale). A l’inverse (et sans surprise) pour eux la sécurité de l’emploi et les perspectives d’évolution ne sont pas très importants (12% et 9%).
Prêt(e)s à beaucoup de concessions pour un poste… sauf déménager
Les trois quart des seniors en France sont propriétaires de leur logement. Quitter leur résidence impliquerait de nombreuses (et lourdes) démarches que 72% des interviewés ne veulent pas concéder pour un emploi. Ils sont en revanche prêts à baisser leur prétentions salariales (69%), à faire du télétravail (56%) et à réduire le périmètre de leurs responsabilités (75%).
En contrepartie de leur inflexibilité géographique, les seniors sont prêts à faire plus de temps de trajet pour se rendre sur leur lieu de travail. Dans 55% des cas, ils veulent bien faire de 30 minutes à 1 heure de transport (contre 50% pour la population générale)
Le mythe de l’illectronisme des seniors ?
Les seniors interrogés ne se sentent pas du tout ou pas vraiment dépassé par la technologie à 77%.
Ces résultats ne sont pas étonnants : la fracture numérique est une réalité qui touche davantage les populations de 70 ans et plus. Les 50 ans et plus ne sont dans leur majorité pas affectés par ce phénomène.
Source : questionnaire auto-administré réalisé en février 2020 auprès de 972 personnes de 50 ans et plus.