15 chiffres à connaître sur les femmes et le travail en France en 2023
Mis à jour le 15 Mars 2023
chloe.larmignat
Depuis les années 1920, l’activité des femmes a fortement augmenté. Au fil des générations, le taux d’emploi des femmes en France tend à se rapprocher de celui des hommes. Cette progression a permis aux femmes d’acquérir une autonomie financière. Elle a également contribué à soutenir le revenu des ménages et l’activité économique du pays. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le taux d’emploi des femmes est-il le même que celui des hommes ? Existe-t-il encore des inégalités de salaire ou d’accès à certains emplois ? Zoom sur les femmes et le travail en France.
Un taux d’activité des femmes de 71% : la féminisation de la population active de 1970 à nos jours
Le taux d’activité des femmes en France depuis 1945 a bien évolué. Cette augmentation, qui a été progressive, tend néanmoins à se stabiliser.
En 1968, les femmes représentent 31% de la population active
La part des femmes dans la population active n’a cessé d’augmenter au cours du XXe siècle. Entre 1968 et 1990, le pourcentage de femmes actives en France augmente fortement passant de 31 à 43%*. Cela est principalement dû aux Trente Glorieuses et à l’arrivée de la société de consommation, mais également au développement de l’instruction des femmes. En 1990, ces femmes actives représentent 49% de la population active.
Selon Françoise Battagliola, 43% des femmes sont employées contre 14% des hommes, dont la plupart sont des ouvriers. 6% d’entre elles travaillent dans l’enseignement et 11% dans le secteur médico-social.
Aujourd’hui, le taux d’activité des femmes reste inférieur à celui des hommes
Quel est le pourcentage de femmes qui travaillent en France ? Si l’écart tendait à se creuser, le taux d’emploi des femmes en 2022 reste encore inférieur à celui des hommes (71% contre 77%*). 1,3 million de femmes contre 42 000 hommes sont "au foyer". Cela représente 6,3 % des femmes dans la tranche d’âge de 15 à 64 ans.
Une stagnation du taux d’emploi des femmes depuis plusieurs décennies
On observe en effet depuis plusieurs années une stagnation du taux d’emploi des femmes en France. Si les écarts de taux continuent de se réduire entre les hommes et les femmes, le rythme est en revanche plus lent. En outre, cette augmentation du nombre de femmes dans la population active ne s’est pas traduite par une hausse du taux d’emploi en équivalent temps plein. La progression des femmes sur le marché du travail a pris la forme d’emplois à temps partiel, à la suite de l’essor de ce dernier et à l’augmentation du chômage.
Les femmes et le travail en France : quid du taux de chômage ?
Certains indicateurs démontrent que l’écart diminue entre le taux de chômage des hommes et des femmes. S’il nous permet de mesurer que l’inégalité hommes-femmes sur le marché du travail diminue, la vérité est toute autre. Le chômage des femmes est plus complexe, ces dernières se retrouvant dans le halo autour du chômage, ou en sous-emploi.
6,9% des femmes actives sont au chômage : un taux similaire à celui des hommes
Selon une étude de l’INSEE, le taux de chômage au 4e trimestre 2022 au sens du Bureau international du travail (BIT) est de 6,9% pour les femmes et de 7,4% pour les hommes. Ce taux de chômage est proche pour les deux sexes dans toutes les tranches d’âge.
La population féminine majoritairement représentée dans le sous-emploi et le halo du chômage
D’autres indicateurs comme le halo du chômage, le sous-emploi et le travail à temps partiel mettent en revanche en évidence la surreprésentation des femmes. En 2020, plus d’1 million de femmes sont dans ce halo, contre 866 000 hommes.
Les femmes sont 2 fois plus touchées que les hommes par le sous-emploi
Le sous-emploi est défini comme un niveau d’emploi inférieur au potentiel de la personne. L’employé est occupé en dessous de sa capacité de production. Il s’agit d’un employé occupé à temps partiel alors qu’il est disponible à temps plein. Il se caractérise également par un revenu horaire insuffisant, ou un mauvais emploi des compétences. En 2021, la part des femmes actives sous-employées est de 8,6%, contre 4,3% des hommes.
Plus de 28% des femmes travaillent à temps partiel
Ces dernières années, l’augmentation des contrats à temps partiel s’est démocratisée dans certains secteurs. C’est le cas notamment dans le commerce, l’hôtellerie, les services aux entreprises et aux particuliers, et dans la restauration. Loin d’être toujours choisi par les femmes, le travail à temps partiel est souvent imposé dès l’embauche. En 2021, plus d’une femme sur quatre travaillait à temps partiel, contre moins d’un homme sur dix. Selon une enquête menée par l’INSEE, près de la moitié des femmes déclarent être dans l’incapacité de travailler davantage avec leur emploi actuel.
Quelques chiffres marquants sur les femmes et le travail en France
Des avancées sont encore à mener sur les femmes et le travail en France. Si le taux d’activité des femmes n’a cessé d’augmenter, certains emplois ont du mal à se féminiser dans certains secteurs.
24% des ingénieurs sont des femmes
Les femmes ingénieurs représentent aujourd’hui 29% des ingénieurs de moins de 30 ans (leurs aînées étant moins nombreuses). Selon un constat dressé par l’association Femmes Ingénieures, si la féminisation est timidement amorcée, c’est un métier qui reste majoritairement masculin. Dans ce domaine d’activité, des écarts de salaire de plus de 18% sont observés entre les hommes et les femmes. Mais ces écarts tendent à se réduire et les carrières des femmes ingénieures progressent.
Auparavant tournées vers les métiers de l’administration ou la gestion, ces femmes ingénieures se tournent aujourd’hui davantage vers la recherche ou encore le conseil technique et logistique.
Seulement 2,5% de femmes à la tête des entreprises du CAC 40
Selon l’édition 2022 de l’étude réalisée sur le CAC40 par l’Observatoire de la féminisation des entreprises, l’exclusion des femmes à la gouvernance du conseil d’administration reste réelle. Les femmes occupent aujourd’hui 3,75% des 80 postes de Président ou Directeur Général des entreprises du CAC 40. Seulement 2 femmes sont présidentes du conseil d’administration, 1 directrice générale et aucune n’est PDG.
Le quota de 30% de femmes au Comex (Comité exécutif) prévu par la loi "Rixain" a néanmoins été atteint pour 12 de ces entreprises (contre 8 en 2021) : BNP Paribas, Carrefour, Crédit Agricole, Dassault Systèmes, Kering, Legrand, L’Oréal, Michelin, Pernod-Ricard, Saint-Gobain, Schneider Electric et Société Générale.
1 femme sur 2 a déjà ressenti une discrimination au travail
Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) juge la situation alarmante en France dans son état des lieux du sexisme du 23 janvier 2023. Concernant les femmes et le travail, 46% d’entre elles ont eu l’impression d’être moins bien traitées en raison de leur sexe.
Face à certains comportements, les femmes adoptent une conduite d’évitement. Ainsi, 35% des femmes entendues pour l’étude déclarent ne pas avoir osé demander une augmentation de salaire ou une promotion en raison de leur genre. Ce chiffre augmente à 44% dans les catégories socioprofessionnelles les moins favorisées. Des situations qui agissent comme une trappe aux bas salaires, creusant davantage l’écart de salaire avec un homme à poste égal.
Les avancées des femmes dans le monde du travail en 7 points
Si certains axes sont encore à mener concernant les femmes et le travail, certaines avancées marquantes sont à célébrer.
1975 – 1ère journée internationale des droits de femmes
Cette journée trouve son origine dans les manifestations des femmes au début du XXe siècle. L’ONU instaure pour la première fois cette journée en 1975. Cette journée de rassemblement a pour but de faire le bilan sur les situations des femmes à travers le monde. Des événements s’organisent chaque année pour fêter les victoires acquises, faire entendre les revendications et améliorer la situation des femmes.
L’édition 2023 a pour thème « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ». Elle vise à promouvoir l’innovation, le changement technologique et l’éducation à l’ère du numérique. L’objectif est d’acquérir une l’égalisation entre les sexes et d’autonomiser les femmes et jeunes filles.
1986 - La féminisation des noms de métiers est adoptée dans la circulaire du 11 mars
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à accéder à des fonctions de plus en plus diverses. Le 11 mars 1986, Laurent Fabius adresse une circulaire demandant « la féminisation des noms de métiers, fonctions, grades, ou titres » dans tous les textes et documents officiels. Cette circulaire marque un nouveau pas en direction des droits des femmes au travail.
2006 - La loi du 23 mars pour une égalité salariale entre les femmes et les hommes
L’égalité femmes-hommes est inscrite dans la constitution depuis 1946. La loi du 22 décembre 1972 impose le principe de l’égalité de rémunération pour un travail de même valeur. Malgré cela, la situation des femmes au travail reste fragile. Le 23 mars 2006, une loi impose aux entreprises de réduire les écarts de rémunération selon le genre.
Cette loi permet également le renforcement du congé maternité, l’accès aux jeunes filles et aux femmes à l’apprentissage, et une représentation plus équilibrée des hommes et des femmes dans les conseils d’administration des entreprises publiques.
2014 – Le plafond de verre se fissure
En 2014, le seuil de 30% des femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises est dépassé. Cela fait de la France le pays le mieux placé au sein de l’Union européenne.
2014 – Une meilleure parité dans le secteur public
Avec l’instauration de l’élection des conseillers départementaux en binômes paritaires, les femmes représentent désormais 50% des sièges aux conseils départementaux. Cette stricte parité au sein du gouvernement constitue une avancée majeure.
2019 – La directive européenne sur l’équilibre entre la vie professionnelle et privée
Adoptée en juin 2019, cette directive permet d’améliorer l’équilibre vie pro et perso en modifiant les règles sur le congé parental. C'est une avancée marquante sur l’égalité des sexes en favorisant le partage des responsabilités. L’objectif est d’améliorer la participation des femmes au marché du travail.
Le congé paternité est allongé et chaque parent a désormais droit au congé parental (à temps plein partiel ou fractionné).
Chez nos voisins : l’Espagne adopte une loi créant un « congé menstruel »
C’est une première en Europe, le 16 février 2023 l’Espagne adopte un « congé menstruel » pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Avec cette loi, les femmes souffrant de règles incapacitantes (liées à des pathologies comme l’endométriose par exemple) se verront accorder une incapacité de travail temporaire.
FAQ sur les femmes et le travail en France
Quelle est la situation des femmes au travail ? Depuis quand ont-elles le droit de travailler ? Y a-t-il encore aujourd’hui des métiers interdits aux femmes ? Quelques éléments de réponses sur les femmes et le travail en France.
Quand les femmes ont-elles eu le droit de travailler en France ?
C’est en 1907 qu’une loi autorise pour la première fois aux femmes de percevoir un salaire. À cette époque, les femmes devaient avoir le consentement de leur mari. Ce n’est que depuis le 13 juillet 1965 (soit moins de 60 ans), que les femmes peuvent travailler sans l’accord de leur mari. Cette loi sur les nouveaux régimes matrimoniaux a été adoptée afin de promouvoir l’égalité au sein du couple.
Quels sont les métiers interdits aux femmes en France ?
Il n’y a pas de métiers interdits aux femmes aujourd’hui en France. Cependant, il reste certains stéréotypes sur le fait que certains métiers sont réservés aux hommes. Des associations comme "Elles bougent" organisent des actions auprès d’étudiantes pour faire découvrir des métiers méconnus ou vus comme masculins.
Égalité hommes-femmes en France aujourd’hui, où en sommes-nous ?
Aujourd’hui, quelle est la situation des femmes au travail ? La loi Rixain du 24 décembre 2021 vise à accélérer l’égalité économique et professionnelle entre les hommes et les femmes. Cette loi instaure pour les entreprises de plus de 1000 salariés l’obligation de calculer et de publier les écarts de représentation entre les hommes et les femmes parmi leurs cadres dirigeants (et les membres de leurs instances dirigeantes). Dès le 1er mars 2023, les entreprises de 50 salariés et plus devront également calculer et publier leur index de l’égalité professionnelle sur leur site internet.
En fonction des résultats, les entreprises sont tenues de mettre en place des objectifs de progression ou des mesures de correction. En cas de non-publication des résultats, l’entreprise s’expose à une pénalité financière pouvant aller jusqu’à 1% de sa masse salariale annuelle.
En plus de cette obligation de transparence, la loi prévoit une représentation équilibrée hommes / femmes dans les postes de direction des grandes entreprises. L’objectif est d’atteindre 30% de femmes à ces postes d’ici le 1er mars 2026, puis 40% au-delà de cette date.
Les femmes continuent aujourd’hui d’être surreprésentées dans les emplois précaires, moins qualifiés et peu rémunérés. Elles sont peu présentes dans les rôles décisionnels et certains secteurs d’activités. Néanmoins, la participation des femmes sur le marché du travail continue de croître et une féminisation de certains métiers dits "d’hommes" voit le jour.
Sources :